Terrassés par la canicule, les vins de Bordeaux étudient de nouvelles options pour pérenniser leur…
« Bordeaux rosé, Bordeaux mais… rosé ! » Lancée en 2012 par le Conseil interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB), cette campagne publicitaire avait pour objectif de faire connaître les vins rosés du bordelais, sérieusement concurrencés par les rouges et les blancs de la région.
Dix ans plus tard la tendance ne s’est pas vraiment inversée. En fin de compte, il y eut bien une augmentation des ventes et de la production entre 2013 et 2014, mais l’attrait du consommateur se focalise encore largement sur les rouges et les blancs. En 2022, la production de Bordeaux rosé plafonnait autour des 4% de la production totale du bordelais. Bien construits, joliment fruités, ils ont pourtant des atouts à faire valoir.
Intéressons-nous aujourd’hui aux différents styles de Bordeaux rosé, car leur rapport qualité/prix ainsi que leur côté vineux (notamment en terme de clairet) a tout pour convaincre de nouveaux consommateurs.
Sommaire
ToggleL’AOC Bordeaux Clairet
Avant d’être considéré comme un vin rosé, le clairet n’était ni plus ni moins qu’un vin rouge clair et léger. En effet, il y a plusieurs siècles, les vins rouges de Bordeaux étaient nettement plus pâles qu’ils ne le sont aujourd’hui : leur fermentation durait seulement quelques jours, au lieu de quelques semaines, comme c’est le cas désormais.
Les principaux consommateurs de ce Bordeaux rouge précoce étaient les Anglais, qui le connaissaient sous le nom de « claret » – un nom encore utilisé en anglais britannique comme terme générique pour les vins rouges de Bordeaux.
Le clairet d’aujourd’hui est l’équivalent moderne le plus proche du Bordeaux rouge tel qu’il était au Moyen Âge. On l’élabore à partir de raisins qui subissent une courte macération de quelques heures suivie par une saignée. Il en résulte un vin à mi-chemin entre le rouge et le rosé, bénéficiant d’une robe que j’aime qualifier de « grenadine » 😋 et de très légers tanins. Ils sont plus vineux que les rosés classiques et nous offrent une palette d’arômes allant de la rose aux fruits mûrs : cerise rouge, fraise, cassis…
De nos jours, seule une infime partie du vignoble bordelais est consacrée à la production de Bordeaux clairet. C’est simplement une question de mode (et donc d’économie). Les consommateurs de Bordeaux modernes préfèrent soit les vins rouges riches et complexes avec du corps, soit les rosés clairs et rafraîchissants.
L’AOC Bordeaux Rosé
A l’opposé, les vins rosés de l’AOC Bordeaux correspondent à un style beaucoup plus moderne. Dans la veine de ces vins frais, légers, et presque translucides de la Provence, on les retrouve sur les tables girondines tout au long de l’été pour accompagner salades de gésiers, échines de porc et autres délices estivaux.
Produits principalement à partir des cépages cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot, on peut également retrouver dans son assemblage du carménère, du malbec et du petit verdot, tout comme le clairet. La principale différence réside donc dans son élaboration : pour produire du Bordeaux rosé, la technique du pressurage direct est privilégiée.
Le résultat ? Des vins au profil plus vif, plus acidulé, aux arômes évoquant ici la framboise, la canneberge, le pamplemousse. Ce sont des vins que j’adore consommer en accompagnement de charcuterie, ou avec de bonnes tomates farcies !
En Gironde, seule l’appellation d’origine controlée Bordeaux existe en version rosé. Vous ne trouverez donc ni Saint-Émilion rosé, ni Haut-Médoc rosé. Seule exception : le crémant de Bordeaux. Si vous aimez les bulles…
Les autres styles de Bordeaux rosé
L’AOC Crémant de Bordeaux
Le crémant de Bordeaux est un vin mousseux élaboré selon la méthode champenoise. C’est un des crémants les moins connus : seulement 2% de la production française, sur une centaine d’hectares. On ne peut le produire qu’à partir des raisins noirs bordelais. Le sauvignon blanc, le sémillon et la muscadelle ne sont pas autorisés.
La majorité des crémants de Bordeaux rosé sont bruts : fruités et légèrement acidulés. Leur prix moyen de 7-10€ en font une bonne entrée de gamme pour un apéritif modeste, mais moins conseillés pour des célébrations de prestige.
L’IGP Atlantique rosé
Créée en 2006, l’IGP Atlantique s’étend sur cinq départements, de la Charente-Maritime à la Gironde. Elle fait partie des six IGP régionales de France. Environ une centaine de cépages sont autorisés dans son assemblage. Il s’agit d’une dénomination relativement rare dont le cahier des charges ne relève aucune typicité inoubliable. On note cependant un attrait pour cette IGP en hypermarché et à l’export.
Les vins de France
Là encore, la production est si éparse et variée qu’aucun marqueur précis ne pourrait définir un vin de France rosé produit dans le Bordelais. Vous aurez plus de chance de croiser une étoile filante en plein jour.
Pour finir en musique, sachez que la publicité qui hantera les radios de France durant l’été 2013 était à l’origine une chanson de Claude François. Tragiquement, il s’agit d’un de ces tous derniers enregistrements, puisqu’il décédera le 11 mars 1978. Merci Cloclo !
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